mercredi 29 août 2012

La crise de la zone Euro n’a rien de surprenant

A l’époque où l’U.E. commençait à parler de l’établissement d’une monnaie unique et donc d’une Banque centrale commune à tous les pays membres , nombreux étaient les économistes imbus des enseignements de Paul Samuelson et de Milton Friedman, qui ont émis des doutes sur cette possibilité. J’en étais, et durant mes fonctions de directeur du département économique du MFA, j’ai soumis plus d’un rapport à ce propos.

En effet un facteur important de toute gestion économique est la politique monétaire que mène la Banque centrale en fonction des tendances de l’économie .Cette politique monétaire comprend entre autres la fixation du taux d’intérêt directeur : une tendance inflationniste imposant une hausse de ce taux directeur ou au contraire sa baisse dans le cas d’une tendance à la stagnation.

La politique monétaire de la Banque centrale inclue également un certain contrôle et ajustement du taux de change de la monnaie nationale en fonction de la situation du commerce extérieur.

On se demandait donc quelle pourrait être la politique monétaire d’une Banque centrale européenne face à des différences parfois énormes de tendances et de développements économiques dans les différents pays de la zone monétaire commune.

D’ailleurs en mai 2001 le fameux économiste Milton Friedman avait énoncé de manière très claire les raisons pour lesquelles l’Euro allait susciter des disfonctionnements graves, Voici ses propos qui auraient du donner à réfléchir :

« Un système dans lequel les frontières politiques ne coïncident pas avec les frontières monétaires est condamné à être essentiellement instable… Un taux de change flexible permettrait des ajustements. Dès lors qu’un taux de change flexible n’existe pas, les seuls mécanismes d’ajustement subsistants sont les prix, les salaires, les mouvements de population et de capital. Les mouvements de population et les variations salariales sont limités par les divergences culturelles et les différences de réglementation et de structure économique de pays à pays. Si de la flexibilité n’est pas réintroduite, les membres de la zone euro connaîtront une série de chocs asymétriques, de graves difficultés économiques émergeront, qui créeront une conflictualité politique. »

Et là on y est, car il faut bien reconnaître que les divergences culturelles et les différences de réglementation et de structure économique d’un pays à l’autre dans la zone euro existent et sont toujours là.

Certains économistes prétendent que cette zone euro pourrait être sauvée provisoirement par une cassure en deux, avec d’un côté les pays du Nord, et de l’autre les pays du Sud. D’autres évoquent la nécessité d’émission de monnaie par la Banque centrale européenne, qui a déjà monétisé de la dette en quantités considérables, et, en conséquence provoquant de l’inflation et une dévaluation de l’Euro. Celui-ci a déjà perdu en un an quinze pour cent par rapport au dollar.

Pour ce qui est de la mise en place d’une "gouvernance européenne" plus ferme, comme le voudrait l’Allemagne, afin de tenter de recoller provisoirement les morceaux d’ores et déjà épars, il n’est pas sûr que les résultats puissent en être convaincants. La zone euro semble être en sérieuses difficultés

Relire Milton Friedman serait une urgence en Europe.

Z.T.

Dr Zvi Tenney
Ambassador of Israel (ret)
www.zvitenney.info

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